Élections aux États-Unis : Quels sont les enjeux pour la politique commerciale du Canada et des États-Unis?

La politique commerciale est un enjeu central des élections fédérales américaines, en particulier pour les observateurs canadiens. Donald Trump plaide pour un protectionnisme accru, tandis que Kamala Harris s’oppose à une hausse générale des tarifs douaniers, mais appuie le resserrement des normes environnementales dans les accords commerciaux. Bien que les enjeux soient importants pour le Canada, nous avons des raisons d’espérer que certains des scénarios les plus graves puissent être évités.

La plateforme républicaine est protectionniste et propose des mesures comme le Reciprocal Tariff Act (soit une loi sur les tarifs douaniers réciproques) pour augmenter la taxe à l’importation des États-Unis afin de favoriser des accords commerciaux justes et réciproques. Elle prône également l’imposition de tarifs douaniers importants sur les biens chinois et l’interdiction des importations de biens essentiels en provenance de la Chine.

L’administration Trump pourrait avoir de la difficulté à faire approuver l’examen de l’AEUMC (Accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada) prévu pour 2026 en raison de l’aggravation du déficit commercial avec le Canada et le Mexique. Au lieu de procéder à une renégociation complète, il pourrait être plus probable que des ajustements y soient apportés ou que des ententes particulières soient conclues. La demande relative aux tarifs douaniers de base de la plateforme du Parti républicain pourrait être une tactique de négociation plutôt qu’un objectif final.

La plateforme laisse entendre que d’importants tarifs douaniers pourraient être imposés sur les biens chinois pour réduire la dépendance des États-Unis à l’égard des produits chinois. Toutefois, ce changement ne se produira pas rapidement en raison de la part dominante de la Chine dans la capacité manufacturière mondiale. Donald Trump a également envisagé d’utiliser les revenus tirés des tarifs douaniers pour remplacer l’impôt sur le revenu, mais le calcul ne colle pas.

L’administration Biden a entraîné moins de frictions avec le Canada, mais elle a conservé les tarifs douaniers de Donald Trump sur les biens chinois et les a augmentés sur les éléments liés à la transition énergétique. Les énormes subventions accordées par les États-Unis aux puces et aux produits d’énergie renouvelable ont poussé le Canada à subventionner son secteur des véhicules électriques et à imposer des tarifs douaniers à ses concurrents chinois.

En tant que sénatrice, Kamala Harris s’est opposée à des accords commerciaux comme l’AEUMC et l’Accord du Partenariat transpacifique en raison des protections environnementales insuffisantes. Pendant la campagne électorale, elle a critiqué les tarifs douaniers de M. Trump en affirmant qu’ils s’apparentaient à une taxe à la consommation. Mme Harris sera probablement moins protectionniste que M. Trump, mais pourrait maintenir une position protectionniste à l’égard des échanges commerciaux avec la Chine.

Le Canada a tenu le coup sur le marché mondial, sa part des importations américaines et du commerce mondial s’étant stabilisée. Le Canada a gagné des parts de marché dans des secteurs où les biens chinois ont été touchés par des tarifs douaniers, en particulier pour les intrants de production des États-Unis.

Sous l’administration Trump, le contexte des exportations canadiennes pourrait se détériorer considérablement. En 2018, les tarifs douaniers de Donald Trump sur l’acier ont entraîné une baisse de 35 % des exportations de métaux manufacturés du Canada vers les États-Unis, ce qui représente une diminution d’environ 0,5 % du PIB nominal. Les tarifs douaniers généraux sur les exportations canadiennes pourraient avoir des répercussions économiques plus importantes, incitant les entreprises à chercher aux États-Unis des produits destinés au marché américain.

Les versions les plus fermes du programme commercial de Donald Trump entraîneraient des blessures auto-infligées, ce qui laisse croire qu’il s’agit de menaces visant à exercer un effet de levier sur les partenaires commerciaux plutôt que d’orientations politiques réalistes. Les Américains assument une part importante de la taxe à l’importation, et il existe des preuves substantielles montrant que les représailles tarifaires ont de sérieuses répercussions négatives sur les exportateurs américains.

Les tarifs douaniers pourraient faire augmenter le coût de la vie des ménages américains et nuire aux fabricants américains en raison de la hausse du coût des intrants. La valeur du dollar américain grimperait probablement, ce qui empêcherait la balance commerciale de l’Amérique de s’améliorer. Les tarifs douaniers sur les produits chinois n’ont pas empêché une autre baisse de l’emploi dans le secteur manufacturier américain, qui reflète la mécanisation et les gains de productivité.

Sous l’administration Trump, il existe un risque de protectionnisme accru et de tarifs douaniers importants, ce qui pourrait nuire aux économies des États-Unis et du Canada. Sous l’administration Harris, les tendances actuelles pourraient se poursuivre et l’accent pourrait être mis sur des normes environnementales et un protectionnisme moins agressif, en particulier à l’égard de la Chine.

Merci à l’équipe Service des études économiques CIBC pour ses observations!

Lire le rapport complet (PDF, 260 ko) ou lancer le balado. En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)