Actions à petite capitalisation : petit train va loin?

Corrélation entre les actions canadiennes à grande capitalisation et les autres actifs

Actions canadiennes à petite capitalisation : 0,81
Actions américaines : 0,72
Actions internationales : 0,73
Obligations canadiennes : 0,44
Obligations canadiennes à court terme : 0,27

Sur le plan de la diversification, les actions canadiennes à petite capitalisation peuvent offrir un avantage relativement limité à un investisseur détenant des actions canadiennes à grande capitalisation. En effet, la plupart des actions canadiennes sont touchées par des facteurs de risque communs, comme le commerce mondial, la croissance économique et l’inflation. Sur la base de ces données, un investisseur qui détient des actions canadiennes à grande capitalisation obtient un avantage de diversification plus important en détenant des actions américaines, des actions internationales ou des obligations canadiennes qu’en détenant des actions canadiennes à petite capitalisation.

En ce qui a trait à la diversification, les investisseurs peuvent vouloir aller au-delà de la corrélation. Les investisseurs en titres à grande capitalisation qui ne détiennent jamais d’actions de sociétés à petite capitalisation risquent de manquer une partie de la nouvelle génération de sociétés à forte croissance, dont la plupart sont de petites entreprises au départ. Les sociétés à petite capitalisation peuvent aussi réagir différemment aux conditions économiques. Prenons l’exemple des taux d’intérêt. Comparativement aux sociétés à grande capitalisation, ces sociétés ont tendance à être plus endettées et à contracter davantage de prêts à taux variable. Par conséquent, elles peuvent être plus fortement pénalisées lorsque les taux augmentent et plus fortement récompensées lorsqu’ils baissent, bien que le fait qu’une baisse de taux soit attribuable à une récession ou à une reprise ait beaucoup d’importance. Cet exemple illustre en quoi les actions à petite capitalisation ont tendance à être plus sensibles au cycle économique que les actions à grande capitalisation.

La théorie selon laquelle les actions à petite capitalisation offrent un rendement supplémentaire par rapport aux actions à grande capitalisation a été élaborée par Rolf Banz en 1981, sur la base de l’histoire du marché américain³. Il n’est peut-être pas surprenant que cette recherche ait suivi une période où les actions américaines à petite capitalisation ont affiché un rendement nettement supérieur dans les années 1970. En remontant aux années 1930, M. Banz a repéré une importante prime pour les actions à petite capitalisation par rapport aux actions à grande capitalisation. Malheureusement, cette prime ne s’est pas maintenue depuis sa découverte, que ce soit aux États-Unis ou dans la plupart des autres marchés développés⁴. Par exemple, sur la période de 40 ans allant de 1978 à 2018, les actions américaines à petite capitalisation représentées par l’indice Russell 2000 ont inscrit un rendement annualisé de 11,1 %, contre 11,5 % pour les actions américaines à grande capitalisation représentées par l’indice Russell 1000⁵. Et c’est sans tenir compte de la volatilité plus élevée des actions à petite capitalisation, qui réduit leur rendement corrigé du risque.

Une exception importante à l’absence observée d’une prime pour les actions à petite capitalisation peut s’appliquer aux investisseurs qui arrivent à éliminer les titres de pacotille de leur processus de sélection⁶. Si les investisseurs y parviennent, ce qui est plus facile à dire qu’à faire, la prime pourrait bien se porter.

À court terme, les actions à petite capitalisation peuvent évoluer très différemment des actions à grande capitalisation. Au Canada, elles ont nettement tiré de l’arrière pendant la crise financière mondiale de 2008, mais ont très bien fait lors de la pandémie de 2020⁷. L’« effet janvier » peut aussi s’appliquer aux actions à petite capitalisation : les titres peu performants sont survendus en décembre, en partie en raison des ventes à perte à des fins fiscales ou parce que les gestionnaires de portefeuille ne veulent pas que les investisseurs les voient dans les rapports de fin d’exercice. Les actions vendues en décembre ont tendance à enregistrer une reprise en janvier.

Les différences importantes entre les actions à grande et à petite capitalisation peuvent aller au-delà du court terme. Sur la période de 10 ans allant de 2014 à 2023, le rendement annualisé des actions canadiennes à grande capitalisation a été de 8,1 %, contre 2,9 % pour les actions canadiennes à petite capitalisation⁸. Cette décennie a été marquée par un marché baissier dans les secteurs de l’énergie et des marchandises, qui sont fortement représentés dans l’indice canadien des actions à petite capitalisation. Sur la même période de 10 ans, le rendement annualisé des actions américaines à grande capitalisation a été de 12,4 %, contre 8,5 % pour les actions américaines à petite capitalisation⁹. La décennie a été marquée par un marché haussier dans le secteur des technologies aux États-Unis, qui a fini par dominer l’indice américain des actions à grande capitalisation. Dans l’ensemble, les données récentes du Canada et des États-Unis indiquent que les petites capitalisations peuvent être moins performantes que les grandes pendant une décennie.

¹ La corrélation varie de -1 à 1 et établit la mesure dans laquelle un titre évolue avec un autre. Une corrélation de -1 signifie une très forte tendance à la hausse d’un titre et à la baisse d’un autre : corrélation négative parfaite. Une corrélation de 1 signifie une très forte tendance à la synchronisation des deux titres : corrélation positive parfaite. Plus la corrélation entre deux placements est faible, plus l’investisseur bénéficie de la diversification.

² Les corrélations sont fondées sur les rendements mensuels des fonds sur la période de 10 ans allant du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2023. Les fonds représentent des indices généraux du marché : actions canadiennes à grande capitalisation, indice S&P/TSX 60 (XIU); actions canadiennes à petite capitalisation, indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX (XCS); actions américaines, indice S&P 500 (ZSP); actions internationales, indice MSCI EAEO IMI (XEF); obligations canadiennes, indice des obligations universelles FTSE Canada (XBB); obligations canadiennes à court terme, indice obligataire global à court terme FTSE (XSB). Les fonds d’actions américaines et internationales ne sont pas couverts contre le risque de change, ce qui signifie qu’ils sont touchés par la valeur des devises et des actions.

³ Source : Rolf W. Banz, The Relationship Between Return and Market Value of Common Stocks, Journal of Financial Economics 9 (1981) 3-18 En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera.  (en anglais seulement).

⁴ La prime de taille américaine est absente, tandis que la prime de taille internationale est également difficile à trouver.

Sources :

• AQR Capital Management, There Is No Size Effect: Daily Edition En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera. (en anglais seulement).
• Research Affiliates, Busting the Myth About Size En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera. (en anglais seulement).

⁵ Source : Rolf Agather, What have you done with my small-cap premium? Published by CFA Institute, June 2019 En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera. (en anglais seulement).

⁶ Source : Clifford Asness, Andrea Frazzini, Ronen Israel, Tobias J. Moskowitz, Lasse H. Pedersen, Size matters, if you control your junk, Journal of Financial Economics, Volume 129, Issue 3, September 2018 En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera. (en anglais seulement).

⁷ Rendements des fonds : actions canadiennes à petite capitalisation (XCS) et actions canadiennes à grande capitalisation (XIU), années civiles 2008 et 2020. Données tirées du site anglais Portfolio Visualizer.

⁸ Rendements des fonds : actions canadiennes à petite capitalisation (XCS) et actions canadiennes à grande capitalisation (XIU), du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2023. Données tirées du site anglais Portfolio Visualizer.

⁹ Rendements des fonds : actions américaines à petite capitalisation (VB) et actions américaines à grande capitalisation (MGC), du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2023. Données tirées du site anglais Portfolio Visualizer.

¹⁰ Source : Blitz, David and Hanauer, Matthias Xaver, Settling the Size Matter (September 4, 2020). Available at Social Science Research Network (SSRN) En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s’affichera. (en anglais seulement).