Bitcoin : Profil de placement

Protection contre les risques monétaires et budgétaires

Il faut envisager le bitcoin comme une monnaie, émise par un réseau informatique plutôt que par un État ou une banque centrale. Le taux d’inflation du bitcoin est inférieur à 1 %, quand l’inflation historique au Canada atteint 2,2 % et que la masse monétaire canadienne croît de 7,1 %². L’expansion de la masse monétaire d’un pays, en particulier lorsqu’elle croît à un rythme plus rapide que le PIB, déprécie la valeur de la monnaie. La masse monétaire augmente lorsque les États dépensent plus qu’ils ne reçoivent en recettes fiscales, et qu’ils financent la différence en émettant de la dette. Cette pratique est devenue courante au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays développés, en particulier depuis la grande crise financière de 2008-2009.

À l’opposé, l’offre de bitcoin est définie dans le code du réseau et ne peut être augmentée arbitrairement. L’offre totale de bitcoins est plafonnée à 21 millions de jetons, dont environ 19,8 millions ont déjà été minés. Le bitcoin, comme l’or, représente une forme de « monnaie métallique ».

Protection contre les risques géopolitiques

À ses débuts, le bitcoin s’est comporté comme un actif à très haut risque, enregistrant des effondrements souvent beaucoup plus importants que tout autre grand marché boursier. Le bitcoin est devenu une catégorie d’actif à part entière, qui reste très risquée à court terme. Il a aussi montré qu’il pouvait apporter une couverture contre les risques géopolitiques, dans la foulée d’événements comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 et la crise bancaire régionale des États-Unis en 2023³. Néanmoins, ce rôle de couverture est relativement récent dans l’histoire du bitcoin et il est difficile à séparer des autres facteurs qui peuvent avoir influé sur le cours de la cryptomonnaie. Il faudra sans doute davantage de données sur une longue période pour que les investisseurs puissent évaluer le potentiel de protection du bitcoin contre les risques géopolitiques.

Diversification

Le bitcoin est un actif numérique décentralisé qui n’est pas lié à la situation d’un État, d’une institution ou d’une région. Par conséquent, les rendements du bitcoin ne suivent pas la même trajectoire que ceux des actifs financiers, comme les actions et les obligations. Pour l’essentiel, la corrélation entre le bitcoin et l’indice S&P 500 a varié entre -0,50 et 0,50 au cours des 10 dernières années4. Dans les contextes de baisse des marchés boursiers, cette corrélation a augmenté à 0,75, voire plus, sur des périodes plus courtes. Le bitcoin n’a jamais été mis à l’épreuve par un recul prolongé du marché boursier, comme lors de l’éclatement de la bulle Internet en 2000-2002 ou la crise financière de 2008-2009.

Risques de marché

Le rendement impressionnant du bitcoin s’est accompagné d’un niveau de risque de marché extrêmement élevé. L’écart type de la cryptomonnaie (volatilité annualisée des rendements quotidiens) a atteint près de 100 % en 2017 et s’est replié à environ 40 %, ce qui est bien au-dessus des principaux marchés boursiers. Le bitcoin s’est effondré de plus de 75 % à trois reprises au cours des 10 dernières années et, à chaque fois, il lui a fallu plusieurs années pour se rétablir⁶. Les rendements passés du bitcoin sont presque illusoires, car peu d’investisseurs auraient été en mesure de tenir bon face à l’extrême volatilité et aux effondrements pour obtenir le rendement à long terme.

Risques liés à la sécurité

On estime qu’environ 20 % des bitcoins se trouvent dans des portefeuilles perdus ou abandonnés, notamment en cas de perte du mot de passe permettant d’accéder au portefeuille de l’utilisateur⁷. Si un détenteur de bitcoins perd son mot de passe, il ne peut s’adresser à aucune entreprise ou équipe de service à la clientèle pour obtenir de l’aide. C’est l’un des grands risques liés à la détention d’un actif numérique.

Le bitcoin s’est révélé populaire dans les escroqueries sentimentales, entre autres, car le paiement est anonyme et irréversible. De plus, les bourses de cryptomonnaies ont subi plusieurs piratages, notamment 600 millions de dollars piratés sur la plateforme d’échange FTX en novembre 2022, 570 millions de dollars sur la plateforme Binance en octobre 2022 et 473 millions de dollars sur la plateforme Mt. Gox en 2014⁸.

Les investisseurs peuvent atténuer ces risques de deux façons. La première consiste à conserver les bitcoins dans un portefeuille stocké « hors ligne », qui n’est relié à aucune plateforme d’échange, tout en protégeant ses mots de passe et en étant vigilant sur la sécurité. Au minimum, cette méthode exige un bagage technique modéré et un niveau élevé de gestion du risque et de la sécurité.

La deuxième solution consiste à détenir les bitcoins par l’intermédiaire d’un FNB ou d’un fonds commun de placement, où la société de fonds fait appel à un dépositaire pour stocker les bitcoins au nom des investisseurs du fonds.

Risques juridiques et de réglementation

Le bitcoin étant un nouvel actif, il fait face à un large éventail de risques juridiques et réglementaires. Certains pays en développement, comme la Chine et l’Inde, ont tenté d’interdire le commerce des cryptomonnaies, même si toutes les mesures n’ont pas abouti. Bien qu’il soit difficile pour un État de fermer un réseau décentralisé, il peut interdire la négociation ou la propriété des actifs.

Dans le cas du bitcoin, le risque juridique absolu est une interdiction par une entité étatique majeure, comme les États-Unis ou l’Union européenne. L’histoire nous donne un exemple : au cours des années 1930, le gouvernement américain a interdit la propriété privée de l’or, car la demande du métal précieux a menacé de faire fléchir le dollar américain pendant la Grande Dépression. Cette interdiction n’a été levée que dans les années 1970.

Le bitcoin s’est également heurté à de nombreux problèmes réglementaires, comme la question de savoir si le bitcoin et d’autres cryptomonnaies devraient être traités comme des valeurs mobilières ou des marchandises; comment les dépositaires devraient rendre compte des bitcoins détenus pour le compte de clients; et si le bitcoin doit être considéré comme un « placement admissible » dans des comptes enregistrés. À l’heure actuelle, au Canada, le bitcoin ne peut pas être détenu dans des comptes enregistrés, alors que les FNB et les fonds communs de placement de bitcoins le permettent.

Dans l’ensemble, l’absence d’un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies dans de nombreux marchés développés crée des risques et des incertitudes pour les investisseurs.

Risques environnementaux

Le minage de bitcoin nécessite une puissance de calcul intensive, qui consomme de l’électricité et contribue aux émissions de carbone. L’incidence environnementale du bitcoin pose donc question. Le Bitcoin Electricity Consumption Index de l’Université de Cambridge estime la consommation annuelle maximale d’électricité du bitcoin autour de 150 térawattheures (TWh), contre environ 176 000 TWh pour la consommation mondiale d’électricité. Selon ces estimations, le bitcoin représente environ 0,1 % de la consommation mondiale d’électricité⁹. De plus, la cryptomonnaie est moins sobre en carbone que le secteur financier traditionnel, qui émet 27 fois plus de CO₂ que le réseau Bitcoin, mais qui sert un nombre relativement plus grand d’utilisateurs¹⁰.

Qu’est-ce que le bitcoin?

• Le bitcoin est un jeton numérique stocké sur le réseau, ou chaîne de blocs, Bitcoin. Il permet aux utilisateurs d’envoyer de l’argent et de stocker des avoirs sans passer par le système bancaire ou d’autres intermédiaires financiers.
• Les mineurs de bitcoin dépensent beaucoup d’énergie et de puissance de calcul pour miner des bitcoins, selon un processus dont la difficulté est maintenue au fil du temps.
• Le bitcoin est un actif numérique rare, qui n’existait pas auparavant.

Avantages du bitcoin sur le plan des placements

• Protection contre les risques monétaires et budgétaires : le bitcoin présente un faible taux d’inflation et se caractérise par une offre limitée, contrairement à l’émission de titres de créance et de devises par les États.
• Protection contre les risques géopolitiques : le bitcoin a récemment montré qu’il pouvait apporter une couverture contre les risques géopolitiques, mais les investisseurs auront probablement besoin d’en avoir d’autres preuves pour déterminer si ce rôle se confirme au fil du temps.
• Diversification : le bitcoin a enregistré des périodes de corrélation faible ou négative avec l’indice S&P 500, ainsi que des périodes de forte corrélation durant les replis boursiers.
• Rendement : au cours des 10 dernières années, le rendement annualisé du bitcoin a dépassé 50 %.

Risques du bitcoin sur le plan des placements

• Risques de marché : la volatilité du bitcoin est plusieurs fois supérieure à celle des principaux marchés boursiers et la cryptomonnaie s’est effondrée de plus de 75 % à trois reprises au cours des 10 dernières années.
• Risques liés à la sécurité : les détenteurs de bitcoins doivent faire preuve de vigilance à l’égard des risques liés au stockage des avoirs, qui touchent à la fois les portefeuilles individuels et les plateformes d’échange de cryptomonnaies.
• Risques juridiques et de réglementation : le bitcoin est exposé à une vaste gamme de risques juridiques et de réglementation, notamment le risque d’être interdit par un État majeur et l’absence de cadre réglementaire pour les cryptomonnaies dans de nombreux pays.
• Risques environnementaux : le bitcoin consomme environ 0,1 % de l’électricité mondiale et il est moins sobre en carbone que le système financier traditionnel.
• Risques technologiques : les principaux risques liés à la technologie de la chaîne de blocs Bitcoin comprennent une attaque du réseau et l’informatique quantique.

Références

¹ Le réseau Bitcoin gagne en sécurité à mesure que des blocs sont ajoutés. Imaginez que le réseau se trouve au bloc 1 et que des milliers de blocs sont ajoutés au fil du temps. Pour défaire le bloc 1, il faudrait défaire le bloc 2, ce qui nécessiterait de défaire le bloc 3, et ainsi de suite. Une chaîne de blocs n’est rien de plus que des blocs, des lots d’opérations ou d’autres données, liés dans une chaîne à d’autres blocs.

² Le taux d’inflation actuel du bitcoin est inférieur à 1 %. Ce taux correspond à l’offre annuelle de jetons nouvellement minés par rapport à l’ensemble des bitcoins actuellement en circulation. Consultez « The bitcoin halving: What is it? And why does it matter? » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

Masse monétaire et inflation canadiennes d’après les données historiques de 2000 à 2023

• Masse monétaire canadienne, agrégat M2 (brut, non rajusté). Consultez Agrégats monétaires et leurs composantes (anciennement E1) Une nouvelle fenêtre s'affichera.
• Inflation au Canada (indice des prix à la consommation). Consultez Feuille de calcul de l’inflation Une nouvelle fenêtre s'affichera.

³ Livre blanc de BlackRock, « Bitcoin: A Unique Diversifier », 17 septembre 2024. Analyse de l’indice S&P 500, de l’or et du bitcoin lors de grands événements géopolitiques.

⁴ Livre blanc de BlackRock, comme précédemment. Corrélation sur six mois des rendements hebdomadaires du bitcoin par rapport à l’indice S&P 500, du 1er janvier 2015 au 31 juillet 2024.

⁵ Rendements du bitcoin, en dollars américains.

⁶ BlackRock, « Bitcoin Volatility Guide : Trends and Insights for Investors », 11 juillet 2024 En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

⁷ New York Times, « Lost Passwords lock millionaires out of their Bitcoin fortunes », 12 janvier 2021 En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

⁸ Piratage des plateformes d’échange de cryptomonnaies. Consultez « The Largest Cryptocurrency Hacks So Far » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

⁹ Analyse de la consommation d’énergie du bitcoin. Consultez « Bitcoin’s Energy Usage Isn’t a Problem. Here’s Why » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

¹⁰ Empreinte carbone avancée par Lyn Alden, comme précédemment. Le secteur financier traditionnel s’adresse à 76,2 % de la population mondiale âgée de plus de 15 ans, selon les données de 2021 de la Banque mondiale. Consultez « List of countries by share of population with access to financial services » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

¹¹ Nombre d’ordinateurs ou de nœuds connectés au réseau Bitcoin. Consultez « What is a Bitcoin node? A beginner’s guide on blockchain nodes » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)

¹² Risque d’une attaque visant 51 % du réseau. Consultez « 51% Attack: Definition, Who Is At Risk, Example, and Cost » En anglais seulement. Une nouvelle fenêtre s'affichera. (en anglais seulement)