Matthew : Les façons dont les investisseurs peuvent filtrer les actions du secteur de la santé sont aussi variées que le secteur lui-même. Les approches peuvent notamment être fondées sur la croissance ou la valeur, qui elles-mêmes peuvent varier d’une approche discrétionnaire à une approche fondée sur des règles.
Par exemple, les sociétés de biotechnologie peuvent avoir des bénéfices négatifs pendant longtemps, alors un investisseur pourrait avoir besoin d’un niveau élevé de connaissances pour comprendre les essais cliniques, les approbations réglementaires et ainsi de suite.
À l’autre extrémité du spectre, les sociétés pharmaceutiques et autres grandes sociétés peuvent avoir des bénéfices plus prévisibles, et les stratégies de placement comme celles fondées sur la valeur ou la qualité peuvent être le point de départ pour sélectionner des actions en fonction de règles. Par exemple, James O’Shaughnessy explique dans What Works on Wall Street (Ce qui marche à Wall Street) que les méthodes composées peuvent très bien fonctionner dans le secteur de la santé aux États-Unis – c’est-à-dire filtrer les actions en utilisant une combinaison de plusieurs mesures, comme le ratio cours-bénéfice et le ratio cours-ventes, plutôt qu’une seule mesure prise séparément1.
Adoptez-vous des approches différentes lorsque vous examinez le secteur de la santé?
Michal : Les placements suivent toujours les deux mêmes règles qui doivent être respectées simultanément : miser contre la majorité et avoir raison. Les actions en santé ne font pas exception. Chaque titre inclus dans le fonds doit offrir un rendement ajusté au risque supérieur à celui de l’indice de référence. En général, les sociétés qui sont en mesure de générer un excédent de valeur dans ce secteur ont tendance à exercer leurs activités dans des marchés finaux intéressants et à être assorties de solides facteurs de croissance fondamentaux sous-jacents à long terme. Elles présentent des caractéristiques très distinctives et évolutives qui sont fondées sur un engagement solide à l’égard de l’innovation et sont gérées de façon prudente et efficace, guidées par une raison d’être claire.
Toutefois, au bout du compte, tout ce qui précède doit être traduit en attentes de flux de trésorerie, ce qui permet une tarification appropriée des titres au moyen d’une modélisation exclusive. Cela guide ensuite la taille des positions dans le fonds, en portant une attention particulière aux simulations de crise qui tiennent compte de plusieurs scénarios afin de maintenir un solide cadre de gestion du risque pour les titres individuels et au niveau du portefeuille total.
Matthew : Il peut être difficile de choisir les gagnants, mais les investisseurs peuvent peut-être réduire leurs chances de retenir les perdants. En utilisant encore une fois un exemple de What Works on Wall Street, les sociétés américaines dans le secteur de la santé ayant un ratio cours-ventes élevé ou un rendement des actionnaires négatif2 ont eu tendance à obtenir de piètres rendements sur une période de détention d’un an. Dans le même ordre d’idée, quels sont les signes avant-coureurs pour les actions du secteur de la santé qui vous alertent ou qui vous font réfléchir avant d’investir?
Michal : Je me concentre principalement sur les éléments fondamentaux, pour lesquels les signaux d’alerte consistent généralement en la détérioration des paramètres fondamentaux du marché final ou de la gouvernance d’entreprise, ce qui entraîne un mauvais rendement opérationnel. Les signes inquiétants typiques de ces changements sont les commentaires alambiqués de la direction, que ce soit lors des appels sur les résultats financiers ou dans les rapports de gestion, les révisions fréquentes des bénéfices, les restructurations multiples au sein de la société, la dépendance excessive à l’effet de levier combinée au déploiement contre-intuitif de capitaux, pour n’en nommer que quelques-uns.
Matthew : Merci, Michal, de nous avoir fait part de vos observations sur le secteur de la santé. Vous avez mis en évidence certaines des différences entre le secteur de la santé au Canada et aux États-Unis. Comme toujours, les investisseurs peuvent réfléchir à leurs objectifs de placement et à leur tolérance au risque pour décider si investir dans un secteur en particulier du marché boursier leur convient.
1 James O’Shaughnessy, What Works on Wall Street (2011), chapitre 24 : Sector analysis. Le chapitre analyse le rendement de stratégies fondées sur la valeur ou la croissance dans chaque secteur aux États-Unis. Certaines stratégies ont bien fonctionné dans certains secteurs, mais pas du tout dans d’autres. Cela offre une perspective plus nuancée que la simple application de stratégies – comme celles fondées sur la valeur ou la croissance – à l’ensemble du marché américain.
2 Le rendement des actionnaires est le rendement en dividendes plus le rendement de rachat. Toutes choses égales par ailleurs, le rendement de rachat est positif lorsqu’une société rachète des actions et négatif lorsqu’une société émet des actions. Les sociétés qui émettent fréquemment ou massivement des actions peuvent être dans une position faible, car elles mobilisent des capitaux au moyen de capitaux propres, qui sont généralement la forme de capital la plus coûteuse pour une société.